Mais pourquoi certains réussissent-ils à l’école et pourquoi d’autres échouent-ils ?
Il n’est pas possible de répondre à une telle question dans le cadre de cette note. Le lecteur intéressé pourra approfondir l’analyse en lisant notamment la première analyse scientifique et systématique de la question dans un livre célèbre : « L’échec scolaire n’est pas une fatalité » par le C.R.E.S.A.S. (Editions Sociales Françaises, Paris, 1982).
Mais pour faire court, constatons :
- Que l’enfant issu d’un milieu pauvre baigne dans un climat culturel très différent de celui de l’école ; l’école, c’est vraiment « un autre monde » ;
- Que dès l’école maternelle, l’enfant pauvre ne comprend pas tout ce que l’institutrice explique aux enfants, qu’il développe progressivement et rapidement un complexe d’infériorité, une perte de confiance en soi ;
- Qu’il préfère se taire et laisser s’exprimer « ceux qui savent … »
- Qu’il va ainsi décrocher rapidement et entrer dans une spirale de l’échec dont il aura de plus en plus de difficultés à sortir ;
- Que son institutrice, issue d’un autre milieu culturel que lui, ne comprend pas pourquoi il ne comprend pas ;
- Que l’image que renvoie un tel enfant à son enseignant est une image négative, une image d’un professionnel qui ne parvient pas à réaliser correctement le travail pour lequel il est payé ;
- Qu’en effet l’institutrice connaît, en principe, le rôle de l’école maternelle : tenter de compenser les inégalités entre les enfants ;
- Que la pauvreté financière n’est pas la plus importante, la pauvreté culturelle est, elle, déterminante. Ainsi, d’autres différences culturelles au sein de la famille contribuent à la bonne insertion de l’enfant à l’école, comme :
- La place que les parents accordent à l’enfant ;
- Le fait que l’on permet ou non à l’enfant de s’exprimer ;
- Le fait qu’on lui parle beaucoup ou peu ;
- Le fait d’une présence de livres à la maison ;
- Que le rôle de l’école maternelle serait donc plutôt d’aider chaque enfant à progresser dans les domaines où sa famille est défaillante, c’est à dire fréquemment le langage et sa pratique ;
- Qu’il arrive couramment que l’on propose aux parents de ces enfants de rejoindre l’enseignement spécial : « c’est pour le bien de l’enfant, là on aura plus de temps pour s’occuper de lui, les enfants sont moins nombreux par classe, 8 au lieu de 20 » ;
- Que ce retard scolaire va se cumuler progressivement d’année en année et va s’accentuer au fur à mesure du parcours primaire, puis secondaire ;
- Qu’après quinze voire vingt années de scolarité, ces enfants, devenus adultes, sortent du circuit scolaire sans diplôme ni qualification professionnelle et se retrouvent, notamment, dans les EFT ou OISP .
Le lecteur intéressé par cette question peut se référer aux publications suivantes : le livre « Mieux comprendre l’exclusion sociale » paru aux Editions L’Harmattan à Paris et l’article – interview « Enseignants : quelle sensibilisation à l’exclusion sociale » paru chez « Vivre ensemble éducation » (www.entraide.be/index.php?id=327) où cette question est largement abordée.